

Les flamants roses migrateurs vieillissent mieux que les sédentaires, selon une étude
Les flamants roses migrateurs vieillissent mieux et vivent plus longtemps que ceux qui ne migrent pas, révèle une étude de la Tour du Valat, institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes basé en Camargue, dans le sud-est de la France.
Grâce à un programme de baguage d'une ampleur unique au monde, avec des dizaines de milliers d'oiseaux suivis depuis 44 ans, les chercheurs ont découvert que le vieillissement des flamants roses, dont l'espérance de vie peut atteindre 50 ans, dépendait de leur stratégie migratoire.
Les flamants roses font en effet partie des espèces à la migration partielle, c'est-à-dire que certains, adultes, choisissent de migrer chaque hiver, tandis que d'autres, appelés "résidents", restent toute l'année au même endroit.
Si les flamants roses résidents, "bien installés dans les lagunes méditerranéennes", s'en sortent mieux au début de leur vie, notamment car ils prennent moins de risques, ils commencent à vieillir dès l'âge de 20 ans, soit 40% plus rapidement que ceux qui migrent.
Une différence qui s'explique ainsi: les oiseaux sédentaires se reproduisent plus tôt et plus souvent, et le "coût" pour leur santé de cette forte reproduction est finalement supérieur au "coût" énergétique d'une migration.
L'étude publiée dans la revue "Proceedings of the National Academy of Science (PNAS)", basée sur plus de 27.000 individus, a évalué deux critères: la reproduction des flamants - qui dure toute leur vie - et leur mortalité.
Les flamants décident en général au début de leur vie adulte s'ils vont ou non migrer, explique à l'AFP Jocelyn Champagnon, directeur de recherches à la Tour du Valat et coauteur de l'étude.
Ce comportement migratoire a évolué chez les flamants de Camargue depuis les années 60: "aujourd'hui beaucoup restent autour des sites de reproduction". Un phénomène qui s'explique "à la fois du fait du réchauffement climatique - avant, les coups de froid hivernaux pouvaient entrainer une forte mortalité -, mais aussi du fait de l'attractivité du site de reproduction".
Les flamants, qui sont des animaux coloniaux, ont besoin d'être nombreux pour assurer le succès de la nidification, ajoute M. Champagnon.
"Nous accumulons des preuves montrant que, au sein d'une même espèce, les individus ne vieillissent souvent pas au même rythme du fait de variations génétiques, comportementales, et environnementales", explique de son côté Hugo Cayuela, un autre co-auteur, chercheur à l'Université d'Oxford.
Le modèle de l'étude "sera intéressant à appliquer aussi chez d'autres espèces", selon M. Champagnon.
La population de flamants roses de Camargue, menacée dans les années 60, a bénéficié de mesures de conservation en Camargue et en Méditerranée et augmente d'année en année. Au printemps, plus de 50.000 individus sont recensés sur le pourtour méditerranéen français.
P.Peña--ECdLR