

France: le taux de chômage stable malgré la hausse des licenciements économiques
Le taux de chômage n’a que légèrement progressé à 7,4% au premier trimestre 2025 en France tandis que le taux d’emploi a atteint son plus haut niveau historique, a rapporté vendredi l'Insee, malgré la hausse des licenciements économiques.
Le taux de chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT) a ainsi augmenté de 0,1 point de pourcentage, soit 64.000 personnes, pour atteindre près de 2,4 millions de chômeurs.
Sur un an, ce taux diminue de 0,1 point de pourcentage et reste "légèrement supérieur" à son point bas de fin 2022 - début 2023 qui était de 7,1%, tout en étant toujours très inférieur à son pic de 10,5% de la mi-2015.
Le halo autour du chômage, constitué de 1,9 million de personnes qui ne sont pas considérées au chômage au sens du BIT parce qu'elles ne recherchent pas d'emploi activement ou ne sont pas disponibles, "diminue nettement" lui aussi, de 0,3 point sur le trimestre, à 4,3%.
"Ca veut dire qu'il y a des personnes qui ne recherchaient pas de l'emploi et qui se mettent à rechercher de l'emploi", a estimé sur franceinfo la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet.
Elle s'est réjouie qu'il y ait "toujours un rythme d'embauche qui reste soutenu", constatant qu'il y a encore "430.000 emplois non pourvus" et "un employeur sur deux qui dit que les recrutements sont difficiles".
Mais elle relève aussi "une augmentation de 18 % des inscriptions à France Travail suite à des licenciements économiques. Donc la réalité, elle est nuancée. Ce qui veut dire qu'il faut être extrêmement vigilant".
"Le problème, c'est que ça va augmenter", a encore prédit sur BFMTV/RMC la numéro un de la CGT Sophie Binet, parlant d'une "accélération" des "plans de licenciement en cours" et dénonçant un gouvernement "dans le déni" et qui "refuse d'agir".
- taux d'emploi au zénith -
Pour l'économiste Mathieu Plane, de l'OFCE, "la légère remontée du taux de chômage est cohérente avec les ajustements qu'on voit s'opérer du côté de l'emploi".
L'Insee avait rapporté la semaine dernière une stabilité de l'emploi salarié privé au premier trimestre, après 68.000 destructions d'emplois au trimestre précédent.
L'OFCE prévoit "une remontée du taux de chômage à 7,9% d'ici la fin de l'année et à 8,5% d'ici fin 2026 et près de 200.000 pertes d'emplois sur ces deux années", rappelle M. Plane.
Selon Charlotte de Montpellier, économiste de la banque ING, "le fait de partir d'un point plus haut que prévu" en terme d'emplois "est une bonne nouvelle" et "la dégradation du marché sera probablement limitée".
La bonne résistance du marché du travail est aussi "une bonne nouvelle pour les prévisions de croissance et la consommation dans les prochaines trimestres car cela limitera la dégradation du pouvoir d'achat des ménages", selon elle.
Au premier trimestre, le taux d'emploi comme le taux d'activité ont atteint des sommets historiques, avec 69,5% des 15-64 ans en emploi, un chiffre en hausse de 0,4 point sur le trimestre et de 0,6% sur un an.
Le taux d'activité, qui inclut les chômeurs, et s'élève désormais à 75,1%, en progression de 0,5 point sur le trimestre.
Le "rythme assez fort de hausse du taux d'emploi est très lié aux différentes réformes sur les retraites, et notamment la dernière de 2023", a expliqué Vladimir Passeron, chef du département de l'Emploi de l'Insee, lors d'un point presse.
La ministre du Travail s'est félicitée de l'augmentation de ce taux chez les 55-64 ans, qui a atteint 61,5% (à +0,5 point sur le trimestre), tout en soulignant l'écart persistant avec l'Allemagne.
Selon l'Insee, le taux d'emploi atteignait outre-Rhin 77,2% en 2022 chez les 15-64 ans et 73,6% chez les 55-64 ans.
"Il faut poursuivre résolument l'accompagnement des demandeurs d'emploi vers l'emploi, c'est tout ce qu'on a fait, tout ce qu'on est en train de faire maintenant avec les bénéficiaires du RSA", a déclaré Mme Panosyan-Bouvet.
L'Insee a pour sa part examiné les effets de l'inscription automatique des bénéficiaires du RSA à France Travail depuis le 1er janvier et a calculé qu'il a pour l'instant été "négligeable sur l’évolution des trois indicateurs de l’ensemble de la population (taux de chômage, d’emploi et d’activité)".
D.Díaz--ECdLR