

Des fissures sur le marché du travail aux Etats-Unis, encore loin de l'effondrement
Le marché du travail aux Etats-Unis commence à se montrer un peu moins vigoureux mais est encore loin d'atteindre la cote d'alerte, selon des chiffres officiels publiés vendredi qui ravissent l'exécutif américain.
Le mois dernier, la première économie mondiale a créé 139.000 emplois.
C'est moins qu'en avril (147.000, chiffre nettement révisé à la baisse), mais plus que ce qui était envisagé par les acteurs de la finance (autour de 125.000, selon le consensus publié par MarketWatch).
Le taux de chômage est resté inchangé, à un niveau considéré proche du plein emploi (4,2%).
Quant aux salaires, ils ont progressé un peu plus que ce qui était anticipé par les analystes, de +0,4% sur un mois (contre des projections à 0,3%).
"Des supers chiffres de l'emploi, la Bourse monte ! Et en même temps, des milliards arrivent grâce aux droits de douane !" s'est réjoui, en lettres majuscules, le président américain Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, qualifiant l'économie de "bouillante".
Il a une nouvelle fois appelé la Réserve fédérale (Fed) à baisser ses taux d'intérêt, qui guident les coûts d'emprunt. Il a même précisé vouloir une réduction significative, d'un point. Les taux sont dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% depuis décembre. Une baisse d'un point les porterait entre 3,25% et 4,50%.
Un tel mouvement aurait le mérite de donner un coup de fouet à l'économie.
Mais les responsables de la banque centrale des Etats-Unis ont montré qu'ils étaient avant tout concentrés sur le risque de déraillement des prix, en raison des droits de douane massifs que le président a lui même mis en place.
- "Ne s'écroule pas" -
Les données officielles, qui rendent compte de l'état de l'économie avec un temps de retard, n'ont pas commencé à montrer ce que la plupart des experts anticipent du fait du chambardement douanier: moins de croissance, plus d'inflation et de chômage.
L'économiste de Nationwide Kathy Bostjancic repère toutefois un "ralentissement du marché du travail qui devrait s'accentuer dans les mois à venir".
"Les entreprises sont vraiment dans une posture attentiste. Elles n'arrivent pas encore à mesurer l'impact des droits de douane sur l'économie et leur activité. Donc elles n'embauchent pas beaucoup. Mais elles ne licencient pas beaucoup non plus", a-t-elle décrit à l'AFP.
Samuel Tombs, de Pantheon Macroeconomics, résume dans une note: le marché du travail "se fissure mais ne s'écroule pas".
Dans la publication, le ministère du Travail rapporte que "l'emploi a continué à progresser dans les domaines de la santé, des loisirs et de l'hôtellerie-restauration, ainsi que dans les services sociaux".
A l'inverse, "l'Etat fédéral a continué à perdre des emplois".
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump s'emploie à réduire la taille de l'administration. Celle-ci compte 22.000 emplois en moins en mai, et 59.000 depuis janvier, sur une masse salariale de près de trois millions incluant les services postaux.
Nombre d'employés fédéraux ont opté pour une offre de départ différé, leur permettant de rester payés jusqu'à l'automne, période à partir de laquelle les experts s'attendent à voir un impact plus significatif.
H.Hurtado--ECdLR