

Gérard Miller mis en examen pour des viols et agressions sexuelles sur six femmes
Plus d'un an et demi après les premiers témoignages le visant, le psychanalyste Gérard Miller, 77 ans, a été mis en examen jeudi par des juges d'instruction parisiens pour des viols et agressions sexuelles sur six femmes entre 2000 et 2020, dont trois viols sur mineures.
A l'issue de deux jours de garde à vue et d'une ouverture d'information judiciaire par le parquet de Paris, ce dernier a indiqué à l'AFP que M. Miller a été mis en examen pour six des sept faits visés jeudi.
Dans le détail, Gérard Miller est mis en examen pour des viols sur trois mineures de plus de 15 ans, entre 2000 et 2004, ainsi qu'un viol et une agression sexuelle sur une femme majeure en 2019.
M. Miller l'est en outre pour agression sexuelle sur une mineure de 14 ans en 2001 et agression sexuelle sur une femme majeure en 2020.
Il est en revanche témoin assisté pour un viol sur mineure de plus de 15 ans, qui se serait passé en 2000.
Celui qui a jusque-là contesté les faits est soumis à une obligation de soins et à une interdiction d'exercer une activité de psychanalyste ou en contact avec les mineurs, et d'être chroniqueur à la télévision.
Il est aussi soumis à un cautionnement de 65.000 euros.
- Séances d'hypnose -
C'est le magazine Elle qui avait révélé en premier les accusations visant Gérard Miller, en janvier 2024.
Le parquet de Paris a rappelé jeudi avoir reçu une première plainte le 6 février 2024, pour des faits commis en 1995, et avoir confié son enquête à la Brigade de protection des mineurs (BPM).
"A la suite de cette première plainte, une vingtaine de femmes ont apporté leur récit à la justice, relatant des scènes à caractère sexuel après une séance d'hypnose, ou une soirée alcoolisée, ou sous prétexte de rendez-vous dans un cadre professionnel", souligne le ministère public.
A chaque fois, un même mode opératoire est décrit, dans un même lieu, l'hôtel particulier parisien de M. Miller.
Ces femmes "étaient âgées de 14 à 25 ans au moment des faits décrits", selon le parquet, qui a écarté "certains de ces faits", "susceptibles de qualification pénale" mais qui "sont apparus prescrits".
Selon Elle et Mediapart, plusieurs dizaines d'autres femmes se sont déclarées victimes de M. Miller, pour des faits allant du comportement déplacé aux violences sexuelles.
- "Vase brisé" -
Fin janvier 2024, le psychanalyste avait d'abord contesté les premiers témoignages sur X.
"Avec toutes les femmes, j'ai la conviction de n'avoir contraint personne, prenant au pied de la lettre tout embarras, tout refus et ce, tout particulièrement quand je m'engageais sur le chemin de la séduction", avait-il soutenu.
Il réfutait également avoir pratiqué l'hypnose à son cabinet ou à son domicile, mais toujours en public.
Au moment de l'ouverture de l'enquête préliminaire, il avait indiqué à l'AFP être "certain de n'avoir commis aucune infraction" et se disait "prêt à répondre sur chacun des faits reprochés".
En avril, dans un communiqué à l'AFP, il avait déploré ne pas pouvoir se "défendre", à quelques jours de la publication d'"un second livre" qui le "décrit de fait comme coupable".
Jeudi, l'AFP n'a pu le joindre, ni son avocat.
Gérard Miller est un psychanalyste médiatique, chroniqueur à la radio et la télévision depuis les années 1990/2000, notamment chez Laurent Ruquier et Michel Drucker. L'homme est aussi un soutien de Jean-Luc Mélenchon depuis 2012.
Les premières accusations contre le psy ont éclaté après qu'a resurgi un documentaire qu'il avait réalisé en 2011 sur le réalisateur Benoît Jacquot, depuis mis en examen pour viols et qui lui confiait alors que "le cinéma était une sorte de couverture" pour des relations avec des mineures.
Sur RTL jeudi soir, une des plaignantes, Aude, qui a dénoncé des faits qui se seraient produits en 2001, lorsqu'elle avait 17 ans, s'est dite "soulagée" de cette étape judiciaire.
"Au moment de la levée d'amnésie", lorsque les premiers articles sur l'affaire sont parus début 2024, "j'ai des flashs qui sont revenus, je me vois tanguer (...) sur les pavés devant chez lui", a-t-elle raconté.
"Aujourd'hui, il me manque encore des éléments (...). C'est comme un vase brisé, j'ai des gros morceaux, il me manque encore des petits bouts", a-t-elle déploré, émue.
P.Ponce--ECdLR