El Comercio De La República - Procès Casino: détention à domicile requise contre l'ex-PDG Jean-Charles Naouri

Lima -
Procès Casino: détention à domicile requise contre l'ex-PDG Jean-Charles Naouri
Procès Casino: détention à domicile requise contre l'ex-PDG Jean-Charles Naouri / Photo: Bertrand GUAY - AFP/Archives

Procès Casino: détention à domicile requise contre l'ex-PDG Jean-Charles Naouri

Une peine de quatre ans d'emprisonnement dont trois avec sursis et aménagement de la partie ferme ainsi que 2 millions d'euros d'amende a été réclamée jeudi contre l'ex-PDG de Casino Jean-Charles Naouri pour manipulation de cours et corruption.

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Le parquet national financier (PNF) a également requis 75 millions d'euros d'amende contre la société Casino en tant que personne morale.

Reprise depuis 2024 dans l'escarcelle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, l'enseigne a déploré des réquisitions "disproportionnées", faisant valoir que "le Nouveau Casino n'a plus rien à voir ni par sa taille, ni par sa situation financière ou sa gouvernance, avec celui qu'il était à l'époque des faits".

Mais c'est surtout envers le patron de presse Nicolas Miguet que les procureurs ont été les plus sévères: quatre ans d'emprisonnement avec exécution immédiate et 850.000 euros d'amende à titre personnel requis, ainsi que 1.500.000 euros d'amende pour ses diverses sociétés.

M. Miguet, qui s'est forgé une réputation sulfureuse dans les milieux du boursicotage - il a déjà été condamné à plusieurs reprises pour des faits comparables -, avait conclu une "convention" supposément de "conseil" avec le groupe de grande distribution, pour 823.000 euros de rémunération en neuf mois.

Or, "la convention de conseil est à la délinquance en col blanc ce que la valise de billets est au blanchiment de trafic de stupéfiants", ont ironisé les deux représentants du parquet lors de leurs réquisitions de plus de cinq heures, après déjà huit journées de débat.

Jean-Charles Naouri avait accepté de rencontrer Nicolas Miguet en septembre 2018, au moment même où l'action Casino décrochait en Bourse. Vingt-quatre heures plus tard, le contrat était signé.

Presque une coïncidence, avaient assuré les deux prévenus à la barre, se bornant à résumer les "conseils" par la création d'un club d'actionnaires - jamais réalisé - ou dynamiser les assemblées générales - sans résultat probant.

L'objet de la rencontre et de l'accord, pour l'accusation, est tout autre: "Il y a un stress maximum à la tête de Casino, presque de désespoir: Jean-Charles Naouri sait que son image, sa fortune, sont susceptibles de s'écrouler", le magnat des supermarchés étant convaincu de faire l'objet d'une attaque imminente et hostile du groupe Carrefour. "Ce qui n'est pas l'objet de ce procès", a pris soin de balayer le ministère public.

"L'intérêt pour Jean-Charles Naouri, c'est de défendre le cours de Casino. Celui de Nicolas Miguet, c'est d'augmenter son chiffre d'affaires: il a gagné à cette période 10.000 abonnés", rappellent les procureurs.

Car M. Miguet dispose de diverses lettres boursières et d'un service Audiotel, dans lesquels il prodigue des conseils boursiers. En l'espèce, durant la période: "acheter, racheter, conserver les actions Casino".

"Ils ont fait des petits porteurs de la simple chair à canon", ont tonné les deux procureurs, alors que, quelques heures plus tôt, l'avocat d'un agriculteur du Nord rappelait que son client avait "acheté 44.000 actions Casino d'une quarantaine d'euros chacun; cinq ans plus tard, elles valent 0,46 euro".

- "Du grand art!" -

Et si "Jean-Claude Naouri avait décidé de tendre un piège à Carrefour", tous les mis en cause "ont un objectif commun: sauver coûte que coûte le cours de Casino, y compris par des moyens illégaux", répètent encore les deux représentants du PNF.

A propos du chef de manipulation de cours par diffusion de fausses informations - selon les procureurs "créées sur mesure pour les besoins de Casino" -, il a notamment été rappelé le "conseil" de M. Miguet de "feuilletonner" le récit de la contre-offensive de Casino et de la supposée remontée de son cours. Réaction par SMS d'un bras droit de Jean-Charles Naouri: "Du grand art!"

"Dans ce dossier, la manipulation affleure à tous les étages", tempêtent encore les deux procureurs, en relevant que Nicolas Miguet avait en outre "un intérêt personnel" à soutenir le groupe en difficulté pour détenir 125.000 actions pendant la période de la convention, soit 3 millions d'euros de valeur: "Il s'est donc condamné lui-même à dire du bien de l'action Casino".

Le parquet a par ailleurs réclamé des peines de deux à trois ans d'emprisonnement avec sursis et des amendes de 300.000 à 500.000 euros à l'encontre de trois ex-cadres de Casino.

La défense doit plaider à partir de lundi.

D.Díaz--ECdLR