

Eurostar renforce sa flotte chez Alstom avant la bataille du Paris-Londres
La compagnie ferroviaire Eurostar a annoncé mercredi avoir choisi le groupe industriel français Alstom pour construire 50 nouveaux trains, dont 20 en option, soit un investissement de 2 milliards d'euros avant l'arrivée de la concurrence sur les liaisons transmanche.
Les premiers trains issus de cette commande, baptisés Eurostar Celestia, qui ont vocation à remplacer des modèles anciens, devraient entrer en service en 2031, a précisé Eurostar dans un communiqué.
Une fois les 50 exemplaires livrés, cette filiale de la SNCF disposera de 67 rames, soit "une augmentation globale de 30% par rapport à aujourd'hui".
Eurostar, qui opère dans cinq pays (Royaume-Uni, Belgique, France, Pays-Bas et Allemagne) et s'apprête à ouvrir une liaison jusqu'à Genève, espère avec cet achat transporter 30 millions de passagers par an.
Les nouvelles rames Eurostar Celestia, qui permettront chacune de transporter plus de 540 voyageurs, seront "conçues sur mesure" dans une optique "haut de gamme", selon le communiqué, déclinaison de l'Avelia Horizon, le modèle fleuron à deux étages d'Alstom, dont la SNCF a commandé 115 exemplaires.
- Livraisons rapides -
Grâce à un contrat de son actionnaire majoritaire avec Alstom, Eurostar avait "la capacité d'avoir des livraisons beaucoup plus rapidement" qu'avec les constructeurs concurrents, a expliqué à l'AFP la directrice générale d'Eurostar, Gwendoline Cazenave.
Elle espère être livrée de la totalité des rames "au milieu des années 2030", à raison de 15 rames par an.
La compagnie ferroviaire entend aussi avec cette commande se préparer à l'arrivée prochaine de concurrents sur son segment le plus prolifique, le Paris-Londres, sur lequel 8 millions de personnes sont transportées chaque année. Deux millions de passagers supplémentaires y sont attendus d'ici 2030.
Le transporteur ferroviaire italien Trenitalia et le britannique Virgin ont dit vouloir ouvrir une ligne entre les deux capitales d'ici 2029. D'autres compagnies, dont l'espagnole Evolyn et la néerlandaise Heuro, sont intéressées.
Eurotunnel, la société qui gère le tunnel sous la Manche, ne cesse de chercher à attirer de nouveaux opérateurs, l'infrastructure étant en mesure d'accueillir jusqu'à 1.000 trains par jour, contre 400 actuellement (entre Eurostar, Shuttle et fret), avait indiqué son directeur général Yann Leriche.
- Guerre des prix -
Le groupe britannique London St. Pancras Highspeed, qui exploite la ligne à grande vitesse reliant Londres au tunnel sous la Manche, estime lui aussi qu'elle ne fonctionne qu'à 50% de sa capacité.
Eurostar réclame, avant même l'arrivée des concurrents, des espaces supplémentaires, pour les voyageurs comme pour les trains, alors que les infrastructures sont déjà saturées autant dans la gare londonienne de St Pancras qu'à la gare du Nord à Paris.
En 2024, la capacité opérationnelle de St Pancras était de 1.800 voyageurs par heure, selon la compagnie, qui vise près de 5.000 par heure en 2028.
Les usagers espèrent que l'ouverture à la concurrence engendrera une guerre des prix, les billets de train étant souvent bien plus chers que ceux de l'avion sur le Paris-Londres, malgré des premiers tarifs à 39 livres (ou 44 euros).
Environ 19,5 millions de passagers sont montés dans un Eurostar l'année dernière, soit une hausse de 5% par rapport à 2023.
R.Flores--ECdLR