

La fondation soutenue par Washington ferme ses centres d'aide à Gaza
La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël, va laisser ses centres fermés mercredi dans le territoire palestinien assiégé par la guerre après plusieurs scènes chaotiques marquées par des dizaines de morts en marge de ses distributions.
Mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU va se prononcer sur un projet de résolution réclamant un cessez-le-feu et l'accès humanitaire à Gaza, ravagé par la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
Mais le texte devrait se heurter à un nouveau veto américain, le premier de la nouvelle administration Trump, malgré la pression internationale croissante sur Israël pour mettre fin à la guerre et alors que selon l'ONU les quelque 2,4 millions d'habitants du territoire palestinien sont menacés de famine.
Après la levée très partielle d'un blocus total imposé par Israël pendant plus de deux mois, privant la population de Gaza de toute aide humanitaire, la GHF a débuté ses opérations il y a un peu plus d'une semaine.
Mais son déploiement a été marqué par des scènes chaotiques et des informations faisant état de victimes de tirs israéliens à proximité de ses centres.
"Les centres de distribution seront fermés pour des travaux de rénovation, de réorganisation et d'amélioration de l'efficacité", a déclaré la GHF, une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël, précisant que ses opérations reprendraient jeudi.
- Faire "toute la lumière" -
Mardi, vingt-sept personnes qui attendaient l'aide américaine près du rond-point dans la zone d'Al-Alam, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ont été tuées quand des soldats israéliens ont ouvert le feu "sur des milliers de civils", selon la Défense civile.
L'armée a indiqué mardi soir que "des soldats avaient procédé à des tirs de semonce (...) en direction de suspects qui s'approchaient d'une manière qui mettait en danger leur sécurité", annonçant l'ouverture d'une enquête pour faire "toute la lumière" sur ce qui s'est passé.
La Maison Blanche a indiqué "étudier l'authenticité" des informations faisant état de tirs mortels.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "condamné" ces tirs, évoquant des pertes de vies "inconcevables", deux jours après un drame similaire au même endroit, au cours duquel 31 personnes ont été tuées, selon les secours palestiniens. Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, a lui dénoncé des "crimes de guerre".
Outre les 27 morts mardi à Rafah, la Défense civile a indiqué que 19 Palestiniens avaient été tués par l'armée israélienne à travers le territoire palestinien dévasté.
Le rond-point où le drame s'est produit se trouve à environ un kilomètre d'un centre d'aide géré par la GHF.
L'ONU et de nombreuses ONG refusent de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité, craignant qu'elle n'ait été créée pour servir les buts militaires d'Israël.
- "Tirer sur la foule" -
Dans le sud de la bande de Gaza, le mari et les enfants de Rim al-Ahkras, figurant parmi les victimes des tirs mortels à l'aube, étaient submergés par le chagrin.
"Comment puis-je te laisser partir, maman?", a lâché son fils Zein, en enlaçant le corps recouvert d'un linceul blanc. Une fillette a saisi une main de la mère et l'a embrassée, d'autres petits enfants autour étaient en larmes au moment des adieux.
Mohammed al-Chaer, 44 ans, présent sur les lieux, raconte lui qu'"un hélicoptère et des drones ont commencé à tirer sur la foule pour l'empêcher de s'approcher des chars. Il y a eu des blessés et des morts", a-t-il dit à l'AFP.
Le 17 mai, Israël a intensifié son offensive dans la bande de Gaza, dans le but affiché de libérer les derniers otages, prendre le contrôle de l'ensemble du petit territoire coincé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, et anéantir le Hamas qui y a pris le pouvoir en 2007.
Afin d'apporter de l'aide humanitaire, un voilier de la Coalition de la flottille pour la liberté, avec la militante écologiste suédoise Greta Thunberg et la député française Rima Hassan à son bord est parti dimanche d'Italie en direction du territoire.
"La Marine est mobilisée jour et nuit pour protéger l'espace maritime d'Israël et les frontières maritimes", a averti mardi le général de brigade Effie Defrin, porte-parole de l'armée israélienne.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 57 sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 34 sont mortes, selon les autorités israéliennes.
Plus de 54.510 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
R.Ortiz--ECdLR