

Trump envoie des centaines de Marines à Los Angeles
Donald Trump a pris lundi la décision, exceptionnelle, d'envoyer des militaires d'active du célèbre corps des Marines à Los Angeles après trois jours d'affrontements parfois violents entre forces de l'ordre et manifestants opposés à sa politique migratoire.
Le Commandement militaire pour l'Amérique du Nord a indiqué dans un communiqué avoir "activé" quelque "700 Marines" qui vont se joindre aux militaires de la Garde nationale, un autre corps, de réserve celui-là, déjà déployé par le président américain dans la deuxième plus grande ville américaine.
Ils "vont être déployés à Los Angeles pour aider à protéger les fonctionnaires et bâtiments fédéraux", a indiqué un haut fonctionnaire américain.
Le gouverneur démocrate de l'Etat, Gavin Newsom, déjà opposé à l'envoi des gardes nationaux, une décision qu'il a attaquée en justice, a estimé que le déploiement de militaires d'active assouvissait "le fantasme fou d'un président dictatorial".
"S'ils crachent, nous frappons, et je vous promets que nous frapperons comme jamais auparavant", avait précédemment écrit le républicain de 78 ans lundi sur son réseau social Truth à l'intention de ceux qu'il appelle des "insurgés".
Le président américain, clairement décidé à durcir le ton, avait déjà utilisé dimanche cette expression incendiaire, encore plus frappante en anglais ("If they spit, we will hit").
- "Militariser" -
Des gardes nationaux, en uniforme militaire et dotés de boucliers, sont déployés lundi devant un centre de détention fédéral de la ville. Face à eux, des manifestants ont crié "Cochons, rentrez chez vous!" D'autres ont tapé sur les flancs de voitures banalisées qui passaient à travers les lignes de police.
Une foule de plus en plus nombreuse convergeait aussi vers le centre de Los Angeles, où des policiers séparaient les manifestants des agents fédéraux et où restaient des carcasses de voitures incendiées, traces des heurts de la veille, qui ont débouché en deux jours sur 56 arrestations.
"Voir Trump envoyer la Garde nationale sans l'avis du gouverneur, je pense que c'est un mépris flagrant des droits des Etats", a dit lundi à l'AFP Andrew Schindler, un habitant de Los Angeles, ville très largement démocrate. "Et je pense qu'il est très dangereux qu'il s'en serve comme excuse pour militariser les forces de police."
Vendredi, des manifestants avaient tenté de s'interposer face aux arrestations musclées d'immigrés menées par la police fédérale de l'immigration (ICE).
"J'ai vu mon père menotté, entravé à la taille et aux chevilles. C'était très traumatisant", a témoigné lundi lors d'une conférence de presse Julian, se présentant comme la fille de Mario Romero, arrêté par l'ICE.
Le procureur général de Californie Rob Bonta a annoncé lundi poursuivre Donald Trump en justice, estimant que son choix de mobiliser les gardes nationaux sans l'aval du gouverneur, "violait" la Constitution.
Dans un court échange avec des journalistes lundi à la Maison Blanche, le républicain a au contraire défendu sa décision comme "excellente".
La maire démocrate de Los Angeles, Karen Bass, a assuré que le périmètre des affrontements ne concernait que "quelques rues" du centre-ville.
- "Super" -
A croire Donald Trump, la métropole californienne aurait été "rayée de la carte" s'il n'avait décidé d'envoyer la Garde nationale, un corps de réserve sous double tutelle du pouvoir fédéral et des Etats.
Gavin Newsom, considéré comme un potentiel candidat à la Maison Blanche, fait partie des cibles favorites du républicain, qui a lancé lundi qu'il serait "super" de l'arrêter, sans que l'on sache s'il s'agit d'une provocation ou d'une réelle intention.
Les autorités mexicaines ont expliqué qu'une quarantaine de ressortissants mexicains avaient été arrêtés vendredi et samedi lors des opérations de l'ICE.
Dans l'autre grande ville californienne, San Francisco, la police a annoncé avoir interpellé une soixantaine de personnes après qu'une manifestation contre la politique anti-immigration du gouvernement a dégénéré.
Evoquant une "invasion" des Etats-Unis, Donald Trump a érigé la lutte contre l'immigration clandestine en priorité absolue de son second mandat.
C.Herrera--ECdLR