

L'Ukraine visée par un nombre record de drones russes, 23 blessés
L'Ukraine a été la cible dans la nuit de jeudi à vendredi de l'attaque de drones russes la plus massive de la guerre, qui a fait au moins 23 blessés, au lendemain d'une conversation téléphonique sans résultats entre Vladimir Poutine et Donald Trump.
Le président américain a d'ailleurs déploré jeudi, dans un rare aveu d'impuissance, n'avoir fait "aucun progrès" pour mettre fin à l'invasion russe de l'Ukraine, alors que le dirigeant russe a répété que Moscou "ne renoncerait pas à ses objectifs".
Au total, 550 engins ont été lancés sur l'Ukraine dont 539 drones et des missiles, y compris balistiques. La capitale, Kiev, a notamment été visée, ainsi que les régions de Dnipro (centre), Soumy (nord), Kharkiv (nord-est) et Tcherniguiv (nord).
"La nuit a été blanche et brutale. La capitale était la cible principale de cette attaque russe", a déploré M. Zelensky, faisant état d'au moins 23 blessés.
Selon le porte-parole de l'armée ukrainienne, Iouri Ignat, il s'agissait du "plus grand nombre" de drones jamais utilisé en une seule attaque par la Russie depuis le début de son invasion en février 2022.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a lui estimé que cette attaque russe montre le "mépris total envers les Etats-Unis" de Vladimir Poutine. Selon Kiev, les frappes ont commencé "juste après" l'appel avec M. Trump.
L'Ukraine a revendiqué avoir abattu 270 engins, tandis 208 ont été neutralisés par brouillage électronique, sur les 550 tirés par la Russie.
Selon les autorités, des dizaines d'incendies se sont déclarés à la suite de ces frappes, notamment à Kiev.
- "Les gens pleuraient" -
Les journalistes de l'AFP à Kiev ont aperçu, comme lors des précédentes grosses attaques, des habitants affluer dans le métro pour s'y réfugier et y passer la nuit. Ils ont installé des matelas sur le sol ou se sont assis sur des chaises pliantes et sur les bancs en pierre de la station.
Certaines personnes ont réussi à s'endormir, d'autres restaient fixées à leur téléphone. Un homme, visiblement un jeune professeur, corrigeait des copies qu'il avait apportées dans une boîte en carton.
"Nous passons toutes nos nuits ici, nous connaissons le personnel et les gens qui viennent ici", explique Ioulia Golovnina, âgée de 47 ans, qui souligne qu'"ici, c'est plus calme" qu'à la surface.
Timour, un habitant de Kiev, a de son côté raconté à l'AFP être descendu dans sa cave avec le reste des résidents de son immeuble pour se protéger des bombardements nocturnes.
"C'était effrayant. C'était très effrayant. J'avais peur pour mes proches", affirme-t-il, ajoutant que "les gens pleuraient, les enfants aussi".
"Nous n'avions jamais rien vu de tel auparavant. Il n'y avait jamais eu autant d'explosions. C'était l'attaque la plus violente depuis que je vis ici", lâche-t-il.
- "Aucun progrès" -
Côté russe, une personne a été tuée au cours de la nuit par une attaque de drones ukrainienne dans la région de Rostov (sud), selon le gouverneur régional.
L'Ukraine a affirmé y avoir frappé une usine optique et mécanique qui fabrique des composants pour l'armée russe.
Vladimir Poutine était resté ferme jeudi, lors de sa sixième conversation téléphonique avec Donald Trump. Il a dit que la Russie "ne renoncera pas à ses objectifs" en Ukraine, tout en se disant ouvert à la poursuite des négociations avec Kiev.
M. Trump a lui une nouvelle fois fait part de sa frustration face à l'absence de progrès vers une fin de la guerre, qu'il ambitionnait de résoudre le plus rapidement possible. "Non, je n'ai fait aucun progrès" lors de cette conversation, a-t-il déclaré a posteriori jeudi.
Volodymyr Zelensky avait indiqué jeudi espérer s'entretenir avec M. Trump "demain ou dans les prochains jours". Il avait précédemment appelé Donald Trump à "changer de ton" avec la Russie et à lui imposer de nouvelles sanctions.
Le président ukrainien a aussi plaidé jeudi auprès des Européens pour un "renforcement de notre coopération et de notre coordination au sein de l'UE et de l'Otan", deux organisations que l'Ukraine ambitionne de rejoindre.
La conversation Poutine-Trump intervenait au lendemain de l'annonce par Washington d'une pause dans la livraison de certaines armes à l'Ukraine, une décision qui risque de mettre Kiev dans une position difficile à un moment où les troupes russes continuent d'avancer sur le front.
P.Palacios--ECdLR