

Le parti pro-européen PAS remporte largement les législatives en Moldavie
Le parti pro-européen PAS de la présidente Mai Sandu a largement remporté les législatives de dimanche en Moldavie, marquées par des accusations d'ingérence russe, selon les résultats officiels publiés lundi.
Le Parti Action et Vérité (PAS), au pouvoir depuis 2021 dans ce pays parmi les plus pauvres d'Europe, a obtenu 50,03% des suffrages, selon ces résultats portant sur 99,52% des suffrages, publiés par la Commission électorale centrale sur son site internet.
Selon les projections, le PAS pourrait conserver sa majorité absolue au Parlement avec 55 sièges sur 101. Il en détenait 63 dans l'assemblée sortante.
Il devance le Bloc patriotique, prorusse, qui affiche un score de 24,26% et dont l'un des dirigeants, l'ancien président Igor Dodon (2016-2020), a revendiqué la victoire et appelé à une manifestation lundi dans la capitale Chisinau.
En troisième positon figure, avec 7,99%, le Mouvement alternatif national (MAS) du maire de Chisinau, Ion Ceban, qui avait appelé à voter contre le PAS.
L'analyste du groupe de réflexion WatchDog Andrei Curararu a jugé le Kremlin susceptible de "recourir à des manifestations, à la corruption des députés PAS et à d'autres tactiques pour perturber la formation d'un gouvernement pro-européen stable".
Le PAS a limité plus qu'attendu son recul par rapport aux législatives de 2021, où il avait recueilli 52,8% des voix contre 27,2% pour le Bloc des socialistes et communistes d'Igor Dodon.
Chaque camp a accusé l'autre de manipulation et de tentative d'intimidation pendant la campagne.
Le scrutin a notamment été assombri par les craintes d'achats de voix et de troubles, ainsi que par une "campagne de désinformation sans précédent" menée par la Russie, selon l'Union européenne.
Moscou a démenti ces allégations, tandis que l'opposition moldave, largement prorusse, a accusé le PAS d'avoir planifié une fraude.
Le service de cybersécurité moldave a déclaré dimanche avoir détecté plusieurs tentatives d'attaques sur l'infrastructure électorale, "neutralisées en temps réel".
Après avoir voté à Chisinau, Maia Sandu a mis en garde contre "l'ingérence massive de la Russie", affirmant aux journalistes que son pays, voisin de l'Ukraine en guerre, était "en danger".
- Appel à manifester -
En début de semaine, elle avait dénoncé les "centaines de millions d'euros" déversés par Moscou pour acheter des voix, orchestrer des campagnes de désinformation en ligne et organiser des violences.
Selon Igor Botan, directeur du centre de réflexion moldave Adept, la Moldavie n'a "jamais vu un tel niveau (d'ingérence étrangère) dans une campagne électorale" depuis l'indépendance en 1991 de l'ex-république soviétique qui compte quelque 2,4 millions d'habitants et plus d'un million d'émigrés également appelés à voter.
Igor Dodon, du Bloc patriotique, a revendiqué la victoire dès la fin du vote. Dans la soirée de dimanche, il a appelé les partis de l'opposition et des membres de la société civile "à une manifestation pacifique devant le parlement" lundi midi "pour défendre le vote des citoyens".
Tenant un haut parleur, il s'est ensuite rendu devant la commission électorale pour menacer de ne pas reconnaître le résultat des élections "si pendant la nuit il y a des falsifications".
La participation de la diaspora, qui a contribué à la réélection de Mme Sandu en 2024, et celle de la région séparatiste de Transdniestrie, qui penche en faveur de la Russie, ont été particulièrement observées.
Les autorités de Transdniestrie ont accusé dimanche le gouvernement moldave de "nombreuses et flagrantes" tentatives de limiter le vote des habitants de cette région.
Une vingtaine de partis et candidats indépendants étaient en lice pour le scrutin.
S.Sánchez--ECdLR