

Le courage "sacrificiel" des journalistes gazaouis de l'AFP salué à Bayeux
Ovation debout avant et après la projection: le documentaire "Inside Gaza" racontant le quotidien de journalistes de l'AFP sous les bombes dans le territoire palestinien, a ému le public réuni pour sa première projection en France.
"Je ne m'imagine pas vivre ça", témoigne Martine Seguela, professeure d'histoire-géographie. Venue assister avec ses élèves à la projection du film jeudi soir à Bayeux, où sont honorés toute la semaine les correspondants de guerre, elle dit avoir ressenti un véritable "choc".
Le documentaire, réalisé par la journaliste indépendante Hélène Lam Trong, a été projeté en présence de sept membres du bureau de l'AFP qui a couvert le début du conflit dans la bande de Gaza il y a tout juste deux ans.
Drapeau palestinien déployé sur scène, l'équipe gazaouie a été applaudie pendant de longues minutes par les 1.100 spectateurs présents, pour avoir poursuivi sans relâche sa mission d'informer sous les bombes, durant la guerre menée par Israël et déclenchée par l'attaque sans précédent perpétrée par le groupe islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.
Le public s'est levé à deux reprises pour les ovationner, avant et après le film, le jour même où Israël et le Hamas signaient la première phase d'un accord sur un cessez-le-feu à Gaza et une libération des otages.
- "Extrême violence" -
"J'ai été choquée par la difficulté du quotidien" à Gaza, témoigne encore Mme Seguela. "On s'habitue trop à ces images d'extrême violence", juge-t-elle, "et je vois bien que mes élèves la tolèrent plus à mesure qu'ils scrollent sur internet".
Alice Divrande, 29 ans, venue de Caen, a été impressionnée par "le courage de ce choix de continuer à faire son métier, presque sacrificiel, pour l'information".
Son amie Marion Leneveu, comme elle assistante sociale, avait "déjà vu ce genre d'images" de guerre et de bombardements, mais n'avait "pas conscience" de l'adversité "des conditions de vie" des journalistes sur place.
"Les abris de fortune, travailler sans pouvoir s'abriter du vent et de la pluie" après la destruction du bureau par l'armée israélienne, "ce sont peut-être les images les moins violentes du documentaire mais ça m'a marquée", explique-t-elle à la sortie de la soirée débat.
Coproduit par Arte et la RTBF, avec la participation de Factstory - une filiale de l'AFP dédiée à la production de documentaires -, le film est construit sur des images tournées par l'équipe de l'AFP à l'intérieur même de la bande de Gaza, soumise à un blocus total de l'information par l'armée israélienne.
Le choix des images a été minutieux, la réalisatrice précisant avoir opéré un tri pour éliminer les séquences les plus choquantes du film, qui en comporte pourtant un certain nombre.
Ce qui est montré est "très, très en dessous de la réalité", avait insisté avant la projection Mme Lam Trong.
Les sept journalistes de l'AFP et leurs familles avaient été évacués entre février et avril 2024. Ils vivent aujourd'hui à Doha, au Caire ou à Londres, et font face à des troubles de stress post-traumatique. L'AFP travaille désormais avec une dizaine de pigistes à Gaza.
M.Rodríguez--ECdLR