Ukraine : ce que l'on sait de la proposition américaine pour mettre fin à la guerre avec la Russie
L'Ukraine a reçu une proposition américaine en vue de mettre fin à la guerre avec la Russie, qui semble très favorable au Kremlin, alors que le président ukrainien doit rencontrer à Kiev une délégation du Pentagone.
Ce plan reprend les conditions maximalistes avancées précédemment par la Russie et déjà rejetées dans le passé par Kiev qui les voyaient comme équivalant à une capitulation de facto.
Voici ce que l'on sait de ces propositions :
- Territoires -
Le plan inclut la "reconnaissance de (l'annexion de) la Crimée et d'autres régions prises par la Russie", qui contrôle presque 20% du territoire ukrainien, a indiqué à l'AFP un haut responsable au fait du dossier sous le couvert de l'anonymat.
Moscou a déjà réclamé par le passé que Kiev lui cède les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia, dont elle revendique l'annexion depuis septembre 2022 sans en avoir le contrôle complet, en plus de la péninsule de Crimée annexée en 2014.
Le président russe Vladimir Poutine avait déjà exigé que l'Ukraine retire ses troupes des régions de Donetsk et Lougansk (est) en échange du gel de la ligne de front dans les régions de Zaporijjia et Kherson (sud), selon la Turquie, intermédiaire dans trois cycles de pourparlers directs entre Kiev et Moscou cette année.
L'Ukraine exclut de reconnaître comme russes les territoires occupés, tout en concédant que leur reprise par la voie militaire risque d'être impossible.
Surtout, céder les territoires de l'Est très fortifiés risque de laisser l'Ukraine vulnérable à de futures attaques russes.
- Armée et armes -
Les propositions prévoient aussi "la réduction de l'armée ukrainienne à 400.000 personnes", soit à peine plus de la moitié de ses effectifs et l'abandon de toutes ses armes à longue portée, selon le haut responsable.
La limitation des capacités militaires de l'Ukraine, l'arrêt des livraisons d'armes par ses alliés et l'interdiction de la mobilisation font partie des exigences déjà exprimées par Moscou qui dispose de troupes plus nombreuses et mieux armées.
La Russie est farouchement opposée à toute présence de troupes de l'Otan en Ukraine ainsi qu'à l'adhésion de Kiev dans l'Alliance.
Kiev réclame pour sa part des garanties de sécurité de l'Occident dont des troupes européennes sur son sol.
- Le plan de qui ? -
Kiev estime que ces propositions avaient été préparées par la Russie et approuvées par les Américains qui envoient à Kiev des "signaux" pour "accepter ce plan", a déclaré à l'AFP le haut responsable.
"Nous ne savons pas s'il s'agit réellement d'un plan de Trump" ou simplement "de son entourage", a-t-il ajouté. Ce que la Russie est censée faire en retour "n'est pas clair", a encore souligné ce responsable.
D'après le média américain Axios, Washington et Moscou ont travaillé en secret à son élaboration, ce que le Kremlin a refusé de commenter.
Cette proposition intervient alors que les pourparlers entre Kiev et Moscou sont au point mort, et que l'armée russe avance dans plusieurs secteurs tout en poursuivant ses attaques sur les villes ukrainiennes.
Au moins 26 personnes ont été tuées mercredi, dont trois enfants, à Ternopil, dans l'ouest du pays pourtant très éloigné du front, une des frappes russes les plus meurtrières sur l'Ukraine cette année.
Depuis son retour au pouvoir en début d'année, Donald Trump s'est présenté comme un médiateur pour ce conflit sans aboutir à aucune cessation des hostilités.
Se disant tour à tour frustré par Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, il a finalement adopté en octobre des sanctions contre le secteur pétrolier russe.
- Réactions -
Kiev et Washington n'ont pas réagi officiellement aux publications sur ces propositions. Le Kremlin a déclaré n'avoir aucun commentaire.
Les alliés européens de l'Ukraine ont de leur côté rappelé qu'un accord ne pouvait se faire sans inclure l'UE et Kiev.
"Dans cette guerre, il y a un agresseur et une victime. Donc, nous n'avons entendu parler d'aucune concession de la part de la Russie", a-t-elle ajouté.
"Les Ukrainiens refuseront toujours toute forme de capitulation", a lancé à Bruxelles le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.
Toute paix doit être "entourée des garanties nécessaires pour prévenir toute nouvelle agression par la Russie de Vladimir Poutine", a-t-il ajouté.
R.Rojas--ECdLR