El Comercio De La República - Cameroun : l'opposant Anicet Ekane est mort en détention

Lima -
Cameroun : l'opposant Anicet Ekane est mort en détention
Cameroun : l'opposant Anicet Ekane est mort en détention / Photo: - - AFP/Archives

Cameroun : l'opposant Anicet Ekane est mort en détention

L'opposant camerounais et figure de la gauche nationaliste Anicet Ekane est mort à 74 ans lundi en détention, à Yaoundé, suite à son arrestation à la veille de la publication des résultats de l'élection présidentielle.

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Président du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), et soutien de l’opposant Issa Tchiroma Bakary, Anicet Ekane avait été interpellé le 24 octobre à Douala, à la veille de l'annonce de la victoire de Paul Biya, 92 ans et au pouvoir depuis 1982, reconduit pour un huitième mandat.

Les autorités lui reprochait son soutien à l'opposant Issa Tchiroma qui s'est autoproclamé vainqueur du scrutin et président élu du Cameroun, et qui avait appelé la population à contester dans la rue, des manifestations violemment réprimées.

Selon Valentin Dongmo, vice-président du parti, Anicet Ekane avait été interpellé à Douala puis transféré à Yaoundé, où il était détenu au Secrétariat d’État à la Défense (SED).

C’est dans ce lieu de détention que son état de santé s’est dégradé. Le parti indique avoir multiplié les alertes auprès des autorités du tribunal militaire pour obtenir son transfert vers un hôpital mieux équipé, mais sans succès.

"Hier (dimanche) encore nous avons réclamé une évacuation sanitaire auprès des autorités", a souligné M. Dongmo.

- "Mépris des droits humains" -

Détenu au Secrétariat d’État à la Défense à Yaoundé, Anicet Ekane avait été arrêté aux côtés d’autres responsables politiques ayant publiquement soutenu la revendication de victoire d’Issa Tchiroma Bakary à la dernière élection présidentielle.

D'après l'analyste politique Stephane Akoa, le SED, unité administrative rattachée au Ministère de la défense permet au système de "garder un contrôle strict sur des détenus VIP ou considérés comme tels", sans que cela garantisse un "meilleur traitement".

Mais la mort d’Anicet Ekane "rappelle cruellement que les conditions de détention au Cameroun sont extrêmement mauvaises, voire dans certains cas un mépris des droits humains", malgré les conventions ratifiées par le pays, selon lui.

Le ministère de la Défense dans un communiqué paru lundi nie toute négligence: "il était pris en charge de manière appropriée par le corps médical". Une enquête a été ouverte afin "d’établir avec précision les circonstances du décès", selon le ministère.

- Réseaux sociaux -

Né en 1951 à Douala, Anicet Ekane avait rejoint l’Union nationale des étudiants kamerunais dans les années 1970, avant d’adhérer à l’UPC en 1973 puis de créer le Manidem en 1995.

Il avait été arrêté en février 1990 avec d’autres membres du groupe Yondo Black, puis condamné par le tribunal militaire avant d’être gracié quelques mois plus tard. Il dirigea la formation pendant plusieurs années et au nom duquel il fut candidat aux élections présidentielles de 2004 et 2011.

Aux dernières élections son parti avait auparavant investi Maurice Kamto avant que sa candidature ne soit rejetée pour ensuite apporter son soutien à Issa Tchiroma.

La nouvelle de sa disparition a suscité de nombreux messages de consternation sur les réseaux sociaux.

H.León--ECdLR