

Boxe: Mbilli en salle d'attente pour espérer "titiller" Canelo
Christian Mbilli, challenger N.1 des super-moyens, affronte vendredi à Québec (Canada) le Polonais Maciej Sulecki pour la ceinture WBC par intérim, une manière pour le boxeur français de "prendre (son) mal en patience" avant d'espérer défier la superstar Canelo Alvarez.
Toujours invaincu, le boxeur de 30 ans, connu pour son style offensif et spectaculaire, enchaîne les succès probants depuis son passage chez les professionnels en 2017, le dernier en date une victoire aux points contre l'Ukrainien Sergiy Derevyanchenko en août 2024.
Fort de ses 28 victoires en autant de combats, dont 23 avant la limite, Mbilli s'imposait naturellement comme le candidat le plus légitime à une chance mondiale dans une catégorie dominée par le Mexicain Saul "Canelo" Alvarez (63 victoires, 2 défaites), superstar de la boxe.
Et même si l'enjeu de cette opposition ne sera qu'un titre intérimaire, "c'est déjà une très belle récompense", déclare-t-il à l'AFP. "Si j'ai cette ceinture intérimaire, ça me permet de valider ma place de numéro 2 mondial et d'essayer de plus ou moins titiller Canelo pour un combat éventuel d'ici à l'année prochaine."
"C'est un avant-goût d'une ceinture mondiale, ça me permet de prendre un peu mon mal en patience et d'attendre que Canelo accepte enfin de me combattre", poursuit-il.
- "Le temps file" -
Depuis le 4 mai dernier, Alvarez est de nouveau détenteur des quatre ceintures mondiales des super-moyens (-76,203 kg). Mais plutôt que de combattre un aspirant, le Mexicain privilégie les confrontations plus lucratives. Il a ainsi rendez-vous avec l'Américain Terence Crawford, champion des super-welters, pour un méga-combat à Las Vegas le 13 septembre.
Une situation frustrante pour Mbilli: "Aujourd'hui je suis dans mon +prime+ donc on met la pression sur Canelo pour avoir ce combat, parce que le temps file", reconnaît-il. "On ne peut pas boxer jusqu'à 40 ans. C'est pour ça qu'on met tous les moyens nécessaires pour que ce combat arrive le plus tôt possible."
Quart de finaliste des -75 kg aux Jeux olympiques de Rio en 2016, passé professionnel l'année suivante au Canada, le Français s'est depuis heurté à la réalité nébuleuse des coulisses la boxe.
"Le Christian qui est arrivé au Canada en 2017 après les Jeux disait qu'il allait taper tout le monde et être champion du monde...", se remémore-t-il.
- "Avec panache" -
"Malheureusement, quand tu te rends compte de toutes les négociations qu'il peut y avoir, de tous les dessous du sport, tous les enjeux, tu te rends compte que dans ce sport-là, ce ne sont pas forcément les meilleurs qui deviennent champions du monde", regrette-t-il. "C'est celui qui a une très bonne équipe derrière lui, qui a une bonne étoile et qui bénéficie d'un bon timing par rapport à sa carrière", constate-t-il.
"Mais je suis quand même assez chanceux par rapport à beaucoup de boxeurs. J'ai encore de gros combats, je fais ce que j'aime, on atteint des objectifs petit à petit, je suis à un ou deux combats d'un championnat du monde. Ce n'est quand même pas négligeable, il faut que je reste concentré là-dessus."
Face à Maciej Sulecki, 36 ans (33 victoires dont 13 avant la limite, pour trois défaites), Mbilli s'avance en favori mais se méfie tout de même des qualités physiques et de l'expérience de son adversaire.
"Il peut être assez teigneux, imprévisible. Il faut faire attention, il a un gros bagage professionnel. C'est un combat que je prends très au sérieux. Je vais arriver prêt et je compte prendre cette ceinture avec panache", déclare-t-il.
En cas de victoire, et s'il n'est pas trop éprouvé par son combat, le Français pourrait répondre à l'invitation du tout-puissant promoteur saoudien Turki Alalshikh de figurer au programme du Championnat du monde entre Canelo et Crawford. Pour sa défense suivante, le Mexicain ne pourrait alors plus continuer à éviter Mbilli très longtemps.
E.Cárdenas--ECdLR