Foot: Claude Puel, amour du jeu et discipline de fer
Joueur de devoir qui a fait toute sa carrière à Monaco, Claude Puel, nommé lundi à 64 ans à la tête de l'OGC Nice, s'est mué en un entraîneur exigeant qui, pendant 20 ans, a répliqué sa méthode dans une demi-douzaine de clubs jusqu'en Angleterre, avec plus ou moins de succès.
C'est certainement cette expérience qui lui vaut aujourd'hui d'être rappelé à la surprise générale au chevet d'un OGC Nice désemparé -- 13e de L1 après 6 défaites consécutives en championnat --, quatre ans après sa dernière apparition sur un banc de touche professionnel.
Inattendu, ce retour lui permet de renouer le fil d'une vie dédiée au ballon rond depuis près d'un demi-siècle.
C'est en 1977 que le natif de Castres entre au centre de formation de Monaco, deux ans avant ses débuts en équipe première.
Lui qui s'avoue limité techniquement compense par un abattage monstrueux et un refus maladif de la défaite.
Régulièrement, on doute de sa capacité à s'imposer dans un effectif où brillent de nombreuses stars, mais il devient un rouage essentiel dans un club où il jouera plus de 600 matches. Seul Jean-Luc Ettori (755) a disputé plus de rencontres sous le maillot rouge et blanc.
À la clé pour ce milieu défensif, deux titres de champion de France (1982, 1988), deux Coupes de France (1985, 1991), une finale de Coupe des coupes (1992, mais blessé, il ne joue pas la finale) et une demi-finale de Ligue des champions (1994).
Son seul regret, n'avoir jamais été appelé en équipe de France, lui qui fut international Espoirs.
- Trop rigide -
L'infatigable milieu récupérateur met un terme à sa carrière en 1996, après 18 ans passés dans un seul club, une rareté. Il intègre l'encadrement monégasque et remplace Jean Tigana à la tête de l'équipe première, en janvier 1999.
Dès la saison suivante il décroche, avec un effectif de rêve (Barthez, Sagnol, Simone, Trezeguet...), le titre de champion de France, assorti de la couronne de meilleur entraîneur de Ligue 1.
En 2002 il rejoint Lille, qu'il fait passer d'une équipe de bas de classement à une place de vice-champion de France (2006, avec encore un titre de meilleur entraîneur de L1) et un huitième de finale de Ligue des champions, éliminé par le Manchester United de Cristiano Ronaldo.
Bourreau de travail, toujours nanti d'une condition physique de jeune homme, Claude Puel ne rechigne pas à participer aux footings et petits jeux lors des entraînements, quand la plupart de ses confrères expliquent les consignes bras croisés en bord de terrain.
"Il est proche des joueurs, c'est sûr que dans sa tête il a encore envie de jouer", sourit à cette époque le milieu lillois Jean II Makoun. "Il ne fait pas seulement les exercices avec nous, il les fait bien, parfois mieux même que certains joueurs qui sont dans un mauvais jour."
Courtisé après six années au Losc, il s'engage à l'été 2008 avec Lyon, qui sort de sept titres consécutifs. Las, sous sa coupe, les Gones ne gagnent plus rien et une demi-finale de Ligue des champions (2010) n'empêche pas son éviction en juin 2011.
L'année suivante il s'engage à Nice. Il y passe quatre saisons, où l'équipe alterne le bon (deux fois 4e) et le moins bon, Puel étant notamment accusé de népotisme après avoir lancé ses deux fils Grégoire et Paulin en équipe première.
En 2016 il traverse la Manche pour une saison prometteuse à Southampton (8e), mais il est néanmoins débarqué au bout d'un an, les dirigeants lui reprochant une gestion trop rigide.
"Mais j'ai évolué, dira-t-il pourtant. Quand j'étais joueur, j'étais intolérant vis-à-vis de mes partenaires: je ne comprenais pas qu'une défaite ne les rende pas malades. Aujourd'hui, j'ai mûri et j'ai compris que tout le monde n'est pas comme moi."
Suivent une saison et demie à Leicester, puis un retour en France à Saint-Étienne pour deux années sans relief (2019-21), deux clubs où il sera remercié en cours de saison.
M.Pérez--ECdLR